Les réglages de base en macrophotographie
Après avoir profité du confinement pour explorer les groupes facebook liés à la photographie, je me suis rendu compte que commencer ce blog directement sur des techniques avancées comme le high key ou l’exposition multiple n’était peut-être pas le plus judicieux. Ici, j’ai donc rédigé un article expliquant le B.A. BA de la prise de vue, avec une orientation vers la macrophotographie. Le but est de vous aider à vous libérer des modes de prise de vue « tout automatique ».
Les 3 principaux paramètres :
En photographie, quel que soit le type de photo que vous souhaitez réaliser, votre prise de vue est soumise aux 3 principaux paramètres que sont : la vitesse de prise de vue, l’ouverture et la sensibilité du capteur. Il faut bien comprendre qu’un appareil photo est une petite machine servant à capter de la lumière. Ces 3 paramètres sont interconnectés et vont donc influencer la capacité de l’appareil à capter la lumière.
Vitesse :
La vitesse de prise de vue correspond au temps d’ouverture de l’obturateur. Plus ce temps est court, plus l’exposition du capteur sera brève. A l’inverse, plus il sera long, plus l’exposition du capteur sera grande. Si vous sélectionnez une vitesse élevée, il y aura donc peu de lumière qui « rentrera » dans le boitier. Inversement, si vous sélectionnez une faible vitesse, la lumière aura le temps de « rentrer » en plus grande quantité dans le boîtier.
Ce paramètre est donné en seconde ; il peut aller de plusieurs millièmes de seconde (1/4000 sec par exemple) à plusieurs secondes. Selon ce que vous voulez réaliser, vous devez sélectionner la vitesse adaptée à la situation. Si vous souhaitez, par exemple, figer un insecte en vol il faudra sélectionner une vitesse élevée.
Si par contre vous souhaitez donner une impression de mouvement en ne figeant pas complètement le battement des ailes de l’insecte, il faudra sélectionner une vitesse plus faible. L’utilisation d’une faible vitesse est très régulièrement utilisée en photographie de paysage, c’est ce qu’on appel la pause longue.
Petite astuce pour éviter le « flou de bougé » (le flou dû à vos tremblement lors de la prise de vue) : réglez votre boîtier pour avoir une vitesse de prise de vue égale à 1 / la longueur focale de votre objectif. Si vous utilisez un 100mm macro par exemple, il faut que vous vous mettiez au minimum à 1/100sec pour éviter que votre photo soit floue à main levée. Et si vous avez la tremblote comme moi, poussez-même à 1/160sec avec un 100mm macro.
A noter que si votre boîtier est équipé d’un capteur APS-C (et non un plein format) vous devez appliquer un facteur de x1,6 pour un Canon et de x1,4 sur un Nikon (un 100mm macro sur un APS-C Canon est en fait un 160mm).
Ouverture :
Pour bien comprendre à quoi correspond l’ouverture, imaginez que votre appareil photo est un robinet et que la lumière que vous voulez faire rentrer dans votre boîtier correspond à l’eau s’écoulant de ce robinet. Si vous ouvrez à fond le robinet beaucoup d’eau s’écoule en un laps de temps court. Par contre si vous fermez presque complètement le robinet, de sorte qu’un simple filet d’eau s’écoule, sur le même laps de temps vous aurez moins d’eau. Vous l’aurez donc compris : grande ouverture = beaucoup de lumière qui arrive au capteur sur un temps donné. Petite ouverture = peu de lumière qui atteint le capteur sur ce même temps donné.
L’ouverture est un chiffre donné en général sous la forme « f/8 » ou « 1/8 ». Petite subtilité, c’est un chiffre inverse : f/8 (ou 1/8) est une valeur d’ouverture plus faible que f/2.8 (ou 1/2.8).
L’ouverture ne permet pas simplement de jouer sur la luminosité, ce n’est pas le but principal de ce paramètre puisqu’il suffira de jouer sur la vitesse de prise de vue pour exposer convenablement l’image. Mais cette petite explication préliminaire permet d’ores et déjà de vous faire comprendre la connexion entre vitesse et ouverture.
Pourquoi joue-t-on sur l’ouverture alors ? L’ouverture permet d’ajuster la profondeur de champ : la zone qui apparaitra nette sur l’image par rapport au point où vous aurez fait la mise au point. Ceci est lié à un phénomène optique que je ne vous expliquerai pas ici. Mais comprenez simplement : grande ouverture = petite profondeur de champ ; petite ouverture = grande profondeur de champ.
Il faudra donc utiliser une ouverture adaptée à la luminosité ambiante et au style d’image que vous souhaitez réaliser :
– une grande ouverture pour isoler le sujet de l’avant et de l’arrière plan.
– une petite ouverture pour, à l’inverse, rendre l’environnement visible.
Petite astuce pour former des halos lumineux dans vos arrière-plans : utiliser une grande ouverture en vous plaçant de manière à avoir le feuillage des arbres environnants en arrière-plan. Les trous de lumière dans le feuillage associés à une grande ouverture permettent de former ces fameux halos de lumière. Cela marche aussi avec la lumière se reflétant sur une surface d’eau.
Sensibilité :
Ce paramètre correspond comme son nom l’indique à la sensibilité du capteur de votre appareil. Elle se donne en valeur iso (l’équivalent de la sensibilité Asa des pellicules du temps de l’argentique). Elle peut aller de 100 iso jusqu’à 12 800 iso pour la plupart des boîtiers actuels. Plus le capteur est réglé sur une sensibilité élevée, plus vous serez en mesure de réaliser des images en faible luminosité. Pour une valeur de vitesse et d’ouverture donnée, plus vous monterez en sensibilité, plus votre image s’éclaircira. A l’inverse, si vous diminuez la sensibilité (pour les mêmes valeurs d’ouverture et de vitesse), l’image sera assombrie.
Avec une sensibilité élevée, vous pourrez donc régler votre appareil à des vitesses élevées (pour figer un mouvement par exemple), ou des petites ouvertures permettant des profondeurs de champ suffisantes pour rendre net tout un paysage.
Pourquoi donc ne pas rester toujours à une sensibilité élevée ? La réponse : la gestion du bruit électronique ! Le bruit électronique est dû aux cellules du capteur qui « surchauffent » et donnent des couleurs aberrantes à certains pixels. Plus vous montez en sensibilité, plus vous risquez de faire surchauffer les cellules du capteur. Aujourd’hui les capteurs sont suffisamment performants pour pouvoir monter facilement à des sensibilités à 4 chiffres. Mais lorsque j’ai commencé la photo il y a dix ans (petit coup de vieux au passage) je ne pouvais pas monter au dessus de 800 iso sans risque de voir apparaître ce bruit électronique disgracieux.
Petite astuce, ne laissez jamais la sensibilité sur « Auto », vous imposerez ainsi une valeur limitant les risques d’apparition de ce bruit.
Cependant l’apparition de ce bruit n’est pas forcément une mauvaise chose, pour la photo en noir et blanc, cela forme sur le rendu de l’image un grain qui peut ajouter un plus à l’ambiance de l’image.
Maintenant que vous savez à quoi correspond chacun de ces paramètres et leurs intérêts, voyons comment nous pouvons les régler sur votre boîtier avec les modes de prise de vue « avancés ». Les modes tout automatique, c’est pour les bizuts ! Avec les modes avancés, vous formerez les images et le rendu que vous souhaitez, pas celui que le logiciel du boîtier souhaite.
Les différents modes de prise de vue :
Priorité vitesse :
Le mode priorité vitesse, « Tv » (Canon) ou « S » (Nikon), est un mode pour lequel vous devez sélectionner la vitesse que vous souhaitez appliquer. Le boîtier adaptera l’ouverture en fonction de la luminosité ambiante et de la sensibilité sélectionnée pour que votre image soit correctement exposée.
Priorité ouverture :
Si vous avez compris ce qu’est le mode priorité vitesse, vous avez sans doute déjà deviné ce qu’est le mode priorité ouverture « Av » (Canon) ou « A » (Nikon). Sur celui-ci, vous définissez l’ouverture que vous voulez et en fonction de la luminosité ambiante et de la sensibilité choisie, l’appareil adaptera la vitesse pour une bonne exposition.
Pour la macrophotographie, j’utilise la plupart du temps ce mode de prise de vue. Celui-ci me permet, quand la luminosité ambiante est suffisante, d’adapter la profondeur de champ à la situation.
Manuel :
Comme son nom l’indique, dans ce mode il y a zéro automatisme, vous pouvez faire varier les 3 paramètres comme bon vous semble. Si l’image formée est trop sombre il faudra soit augmenter l’ouverture ou la sensibilité, soit diminuer la vitesse de prise de vue. A l’inverse, si c’est trop clair il faudra soit diminuer l’ouverture ou la sensibilité soit augmenter la prise de vue. L’avantage du numérique c’est que vous ne perdez rien à y aller à tâtons. C’est trop sombre ? Pas grave je peux faire varier les différents paramètres et tester en direct ce que ça donne puisque je ne gâche pas de pellicule.
Je privilégie ce mode-là dès que j’utilise des flashs à fort grossissement. Je n’ai pas trop confiance dans les automatismes des flashs, donc ils sont aussi en mode manuel. De cette manière j’arrive rapidement à ce que je veux après 2-3 essais.
Voila vous avez maintenant tout ce qu’il faut pour réaliser une image en vous passant des modes automatiques qui ne vous donneront que rarement satisfaction. Nous allons finir maintenant avec quelques outils qui peuvent vous aider à approfondir les prises de vue classiques vers des choses peut-être un peu plus réfléchies.
Les autres paramètres utiles en macro :
Le mode de mesure d’exposition :
Le mode de mesure correspond à la façon dont votre appareil va mesurer la luminosité sur votre image pour régler la vitesse ou l’ouverture adaptée (selon le mode de prise de vue que vous avez choisi).
Le mode de mesure évaluative (Canon) ou matricielle (Nikon) :
ou
C’est le mode de mesure classiquement utilisé et celui que j’utilise personnellement le plus souvent. Toute la surface de l’image est prise en compte par l’appareil pour l’exposer au mieux. Ce mode conviendra à la plupart des situations.
Le mode « mesure spot » (Canon) ou « mesure point » (Nikon) :
ou
Dans ce mode, la mesure d’exposition sera réalisée sur une petite zone au centre de l’image. Le reste de l’image ne sera alors pas pris en considération par l’appareil. Ce mode est utile lorsque votre sujet contraste fortement avec le reste de la scène et que vous voulez que l’exposition soit bien réalisée sur celui-ci. Exemple : un chien noir sur une plage de sable blanc. Il vous suffira alors de placer au centre de l’image votre sujet, appuyer à mi-course de votre bouton déclencheur pour que l’appareil réalise la mesure d’exposition et ensuite vous pourrez placer votre sujet où bon vous semble dans l’image.
Le mode « mesure pondérée centrale » :
ou
Ce mode est un « entre-deux » des modes précédents. La luminosité sera considérée sur toute l’image mais les réglages prendront prioritairement en compte le centre de l’image. C’est un mode intéressant si vous souhaitez être sûr de bien exposer le centre de votre image. Personnellement, je n’utilise quasiment jamais ce mode de mesure, il est sans doute plus adapté au portrait qu’à la macrophotographie.
La correction d’exposition :
La correction d’exposition vous permettra d’indiquer à l’appareil (lorsque vous êtes en mode priorité ouverture ou vitesse) que l’exposition réglée par votre boîtier est trop sombre ou trop claire par rapport à ce que vous désirez. Cela peut arriver par exemple si vous êtes à contre-jour et que l’insecte que vous visez est plus sombre que l’arrière-plan. Vous risquez de vous retrouver alors avec une silhouette sans les détails de la bestiole (ce qui peut être assez graphique mais assez enquiquinant quand ce n’est pas ce que vous souhaitez faire apparaître). Dans ce cas, il vous suffit alors d’appliquer une correction d’exposition positive pour faire apparaître du détail sur l’insecte. Une correction de – 3 à +3 IL peut être appliquée par palier de 1/3 IL. Attention par contre, si le contraste est trop fort entre la bestiole et l’arrière-plan, vous risquez de « cramer » l’arrière-plan en appliquant une correction d’exposition positive trop poussée.
La correction d’exposition vous permet aussi de réaliser des styles d’images décalés par rapport à la réalité : le high key et le low key. Appliquer une forte correction d’exposition positive sur le ciel permet de le blanchir complètement (je vous laisse redécouvrir l’article sur le high key pour aller plus loin dans ce style d’image).
Si vous appliquez une forte correction d’exposition négative, vous ne conserverez alors que le détail dans les parties les plus claires de l’image. Idéale pour des effets « silhouette » esthétiques :
En macrophotographie, il ne faut pas simplement compter sur l’ajustement de la luminosité. Le monde des petites bêtes est bien coloré, ce serait dommage de ne pas compter dessus. Un paramètre permet de jouer sur les teintes de la prise de vue : la balance des blancs.
La balance des blancs :
Lorsqu’on débute, ce paramètre est très souvent sur automatique, c’est bien dommage car ce paramètre permet de donner des teintes plus chaudes ou plus froides à l’image. En réalité il permet d’indiquer à notre boîtier comment ajuster les couleurs de l’image en fonction de la source de lumière. Notre œil ne fait pas la différence mais les rayons directs du soleil ne donnent pas à l’image les mêmes teintes que les rayons filtrés par des nuages. C’est encore plus vrai pour un éclairage artificiel style néon ou tungstène.
La plupart du temps lorsque je photographie des insectes en milieu naturel, je règle la balance des blancs sur « ombragé » ou « nuageux ». Cela permet de donner des teintes plutôt chaudes à l’image.
Cependant rien ne vous empêche de décaler complètement cette balance des blancs par rapport à la réalité pour donner des teintes plus abstraites à l’image. Cela arrive que cela change une image du tout au tout. Si par exemple vous appliquez une balance des blancs « lumière fluo » ou « lumière tungstène » vous aurez des teintes bleutées sur l’image.
Et si vous poussez la balance des blancs jusqu’à sa valeur maximal de 10 000 kelvin vous aurez des teintes très orangées.
L’autofocus :
Ce chapitre sera plus cours que les autres puisqu’en macro on n’utilise pas l’autofocus. Pourquoi ? Simplement parce que nos sujets sont la plupart du temps au milieu d’herbes qui vont perturber la mesure des collimateurs sur lesquels l’appareil essaye de faire le point. Si vous ne voulez donc pas vous arracher les cheveux, je vous conseil de faire la mise au point manuellement.
De plus, rien de mieux qu’une mise au point décalée pour donner une impression fantomatique à l’image.
Génial, merci !
Merci à vous 🙂
C’est très intéressant et bien expliqué mais pour l’instant je fais mes photos avec mon Samsung, en attendant d’avoir quelque chose.
Merci
Ah oui sur téléphone, la plupart du temps tout est automatique. Quoique certains téléphones ont un mode « pro » qui permet d’ajuster les paramètres de prises de vues comme on le souhaite.
Merci pour cet article , belle synthèse claire et précise
Merci à vous Chantal 🙂
Article sympa à lire 🙂 j’avais du mal avec la correction d’exposition, je ne savais pas comment m’en servir. Votre article est simple et clair 🙂 maintenant vivement le retour du soleil pour tester tout ça 🙂
Merci, heureux de vous avoir éclairci sur ce paramètre 😉