Quel matériel utiliser pour la macrophotographie ?
Très souvent, que ce soit lors de mes expos ou sur les réseaux sociaux, on me demande quel matériel j’utilise pour réaliser mes photos d’insectes. Voici donc ici un petit listing de mon matériel (à titre indicatif) avec les explications sur mon choix vers ce matériel pour vous aider à choisir le vôtre.
Dans quel boitier investir ?
Ce n’est pas forcément l’élément principal à prendre en compte pour se mettre à la pratique de la macrophotographie puisque, à mon sens, c’est l’optique qui est la plus importante pour la prise de vue en macrophotographie. Il n’est donc pas forcément nécessaire de dépenser des milliers d’euros dans un boitier. Par contre certaines caractéristiques peuvent être intéressantes pour la prise de vue à fort grossissement en milieu naturel. Par exemple, disposer d’un écran orientable sera d’une grande aide pour pouvoir placer le boitier dans toutes les directions possibles sans se provoquer un torticolis. Les boitiers hybrides disposent également, en tout cas les dernier hybrides canon plein format, d’outils de mise au point bien utiles pour la macrophotographie : toutes les zones nettes apparaissent en surbrillance sur l’écran et dans le viseur. Un boitier tropicalisé (étanchéité renforcée à l’aide de multiples joints) permet également de limiter l’entrée de poussières et d’humidité lors de vos séances en extérieur. Surtout pour la macrophotographie vous serez très certainement amené à vous rouler par terre…
Aujourd’hui j’utilise le Canon EOS R6 mark II.
Vue avant du Canon EOS R6 Mark II
Vue arrière du Canon EOS R6 Mark II
Ce boîtier dispose du fameux écran orientable. Il tropicalisé et est équipés de capteurs plein format qui permettent de monter plus haut en sensibilité, et surtout de générer des flous plus doux, avec des transitions plus fines. Il dispose des outils d’aide à la mise au point expliqué plus haut. De plus, gros avantage pour la macrophotographie, ce boîtier est également stabilisé. L’effet de cette stabilisation s’ajoute à celle qui peut être également présente dans l’objectif. Le taux de déchets est donc considérablement réduit.
Différents objectifs
pour différentes
pratiques de la macrophotographie
Le classique :
Classiquement en macrophotographie, nous utilisons des objectifs qui permettent d’avoir un rapport de grossissement allant jusqu’à x1 (la taille de l’image formée sur le capteur est égale à la taille réelle du sujet). Il existe de multiples objectifs à focale fixe permettant d’atteindre ce rapport de grossissement. Pour la photo de fleurs, un objectif avec une focale de 60 mm est suffisant. Par contre cette focale risque d’être trop courte pour réussir à approcher les insectes farouches. Pour ces derniers, une focale de 100 ou 150mm sera plus adaptée. Après avoir vérifié la qualité optique via les nombreux sites de tests, une option peut particulièrement être intéressante pour guider votre choix : la stabilisation. La stabilisation permet de compenser les tremblements que vous générez lors de la prise de vue, ce qui diminuera considérablement le nombre de déchets lors de vos séances.
Pour ma part je me suis dans un premier temps orienté vers le Canon EF 100mm f/2.8 macro USM, puis le Canon EF 100mm f/2.8 macro L IS USM et aujourd’hui j’utilise le Canon RF 100mm f/2.8 macro L IS USM.
Canon RF 100mm macro f/2.8 L IS USM
Le Canon RF 100mm macro f/2.8 L IS USM est un objectif macro permettant un grossissement de x1,4 maximum. Il est stabilisé et dispose également d’une bague originale. Cette bague permet de jouer sur le rendu de la transition des flous. Elle permet, selon si vous dirigez la bague vers les valeurs négatives ou positives, d’adoucir ces transitions ou au contraire de les rendre plus visibles. En la positionnant sur les valeurs positives elle permet de former le fameux bubble bokeh très recherché en macro par les amateurs de vieilles optiques, comme le 100mm trioplan. Cependant, dès que vous décalez cette bague de la position neutre, vous impactez le piquet de l’image.
Une solution est de réaliser une double exposition :
Pour la proxi-photographie des gros insectes
très farouches :
Pour les gros papillons et libellules très farouches et très difficiles à photographier avec le classique 100mm macro, j’utilise le Canon 300mm f/4 L IS USM.
Cette objectif à une distance minimale de mise au point de 1,5m et permet un rapport de grossissement de 0,24x permettant de réaliser des proxiphotographies de gros insectes ou de fleurs. Autre avantage, vous pouvez également utiliser cet objectif pour la photo de plus gros animaux à condition qu’ils se laissent suffisamment approcher ou dans le cas contraire le coupler avec un multiplicateur de focale.
De la macro au grand angle :
Je dispose d’un autre objectif intéressant pour des prises de vue originales : le LAOWA 15mm f/4 Wide Angle Macro.
Cet objectif permet d’atteindre le fameux rapport de grossissement de 1x. Mais avec l’angle de vue d’un objectif grand angle, il permet alors de réaliser des prises de vue permettant de replacer les insectes et fleurs dans leur environnement (voir ma photo « Immersion » dans la galerie « Empus’art », ou « Dans l’intimité de Rosalie » dans la galerie « Macrophotographie »).
De la macro au-delà du rapport
de grossissement 1x :
Pour les grossissements jusqu’au rapport de grossissement 5x j’utilise le CANON 65mm MP-E f/2.8 Macro.
C’est un objectif un peu particulier, jusqu’à très récemment c’était le seul objectif permettant d’aller au-delà du x1 sans ajout d’accessoire. Celui-ci permet d’explorer des grossissements allant de x1 à x5. Cependant vous pourrez uniquement faire de la macro ou hyper-macro, rien d’autre. De plus l’utilisation de flashs est quasiment obligatoire pour cet objectif très gourmand en lumière. Aujourd’hui plusieurs objectifs de la marque Laowa permettent également d’aller au rapport de grossissement de 1x. Si la photographie à fort grossissement vous intéresse, je vous invite à consulter mon article décrivant ma méthode de prise de vues «Réaliser un gros plan».
De la macro au-delà du rapport
de grossissements 5x :
Pour les grossissement au-delà du 5x j’ajoute au CANON 65mm MP-E f/2.8 Macro. une Bonnette RAYNOX MSN-505.
Bonnette RAYNOX MSN-505 et bague d’adaptation (58mm-37mm)
Les bonnettes sont des sortes de « loupes » qui se placent à l’avant de l’objectif. Elles permettent de réduire la distance de mise au point et d’augmenter ainsi le rapport de grossissement d’un objectif donné. Il en existe de différentes puissances (dioptrie). La RAYNOX MSN-505 une dioptrie de 32. Associé au CANON MP-E 65mm elle me permet d’atteindre un rapport de grossissement équivalant à x10. Plutôt que le système de clip fourni avec la bonnette, je préfère utiliser une bague adaptatrice (58mm-37mm) pour que l’ensemble soit bien aligné.
De la macro au-delà du rapport
de grossissements 10x :
Pour les grossissement au-delà du 10x j’utilise une optique de microscope que j’adapte sur mon boîtier à l’aide d’un soufflet et de différentes bagues :
Mitutoyo M Plan APO SL 20x et montage sur soufflet pour adaptation sur mon boîtier.
Ce type de montage permet de réaliser des grossissements dépendants de l’optique de microscope utilisé. Pour ma part j’utilise un Mitutoyo M Plan APO SL 20x. Comme son nom l’indique il permet d’atteindre un rapport de grossissement de 20x. Il est très facile de trouver des optiques de microscope sur ebay. Cependant il existe une multitude de domaines d’utilisations de ces types d’objectifs, donc avec des optiques dédiées, et tous ne sont pas compatibles avec la macrophotographie. Il est donc nécessaire de se renseigner en amont. Le site de MJKZZ regorge d’information sur ce sujet et propose des systèmes tout prêts pour adapter les objectifs de microscopes sur votre boîtier. Je me suis largement inspiré de ce système pour mon propre montage. La marque Laowa commercialise également un kit permettant de réaliser des images jusqu’à 50x : le Laowa Aurogon FF 10-50x NA0.5 Supermicro APO.
Ici un exemple d’une image réalisée à x20. Il s’agit de la surface d’une élytre d’un charançon. A ce genre de rapport de grossissement on entre clairement dans une autre dimension.
Les quelques accessoires « indispensables » :
Le trépied :
Honnêtement je n’utilise que très rarement mon trépied pour y fixer mon appareil photo. Son utilisation est pour moi trop contraignante pour pouvoir se déplacer, bouger autour du sujet et ainsi composer au mieux. Pour ma part, je l’utilise surtout comme support de flashs. Un trépied léger, et permettant de se rapprocher suffisamment du sol, sera un atout pour la pratique de la macrophotographie. Aujourd’hui j’utilise le trépied Cullmann 52433 Nanomax 430T couplé à la rotule-poignée Joystick MANFROTTO 327RC2.
Les flashs :
Le flash est un élément incontournable de la panoplie du macrophotographe, que ce soit pour combler le manque de lumière associée à la gourmandise des objectifs macros, pour modeler au mieux la lumière sur le sujet, pour faire ressortir le fond, ou même pour créer un contre-jour artificiel. Bien qu’ayant pour principe de limiter son utilisation sur le terrain pour profiter plutôt de la lumière naturelle, il m’a permis de me sauver de situations compliquées en luminosité. Aujourd’hui comme flashs à tout faire j’utilise les Canon Speedlite 430EX II et III-RT associés la plupart du temps à des transmetteurs sans fil et à des diffuseurs ou réflecteurs.
Pour les gros plans jusqu’à 5x, j’utilise le CANON 65mm MP-E f/2.8 Macro couplé au flash Canon MT-24EX.
Celui-ci est constitué d’un module de contrôle qui se fixe sur la griffe du flash du boitier et de deux petits flashs se fixant sur l’avant de l’objectif à l’aide d’une bague. Les deux flashs sont réglables indépendamment. Je m’en sers également de temps en temps de flash maître pour déclencher le speedlite 430EX II en déporté. Par contre, les deux petits flashs sont reliés au module de contrôle par des câbles, il n’est pas possible d’utiliser un système sans fils… c’est bien dommage…
Pour les rapporst de grossissements plus important, j’utilise deux flash Godox AD100Pro.
De quoi faire la mise au point de manière très précise :
Un outil que j’utilise régulièrement en intérieur pour les macrophotographies à fort grossissement: un rail micrométrique automatique
(ici le Qool Rail de MJKZZ)
L’appareil photo se fixe sur le rail, celui-ci permet de déplacer le boîtier sur l’axe avant/arrière de manière très précise. Le panneau de contrôle est pilotable avec une télécommande infrarouge qui permet également de déclencher l’appareil photo. Ce type de rail est principalement utilisé pour le stacking focus. Cela consiste à réaliser plusieurs images d’un même sujet en décalant la mise au point entre chaque image. Ensuite la pile d’images est assemblée à l’aide d’un logiciel dédié (comme Helicon Focus) qui permet de fusionner toutes les zones de netteté en une image unique. Cela aboutit alors à une image à la profondeur de champ étendue et fourmillant de détails. Sur ce modèle il suffit d’indiquer l’endroit où on veut qu’il commence la pile, où est-ce qu’il la termine et le pas entre chaque image (minimum de 0,000078125mm). Ensuite, il suffit d’appuyer sur Play et de prier pour que le sujet ne bouge pas entre les différentes images. C’est pour cette raison que la plupart des images réalisées avec cette technique sont faites avec des individus morts ou des sujets immobiles (champignons, par exemples).
Messor barbarus
De quoi maintenir les tiges et ou le réflecteur :
Un accessoire que j’utilise très régulièrement : la pince Wimberley Plamp II porte réflecteur PP200.
Cet outil dispose d’une pince, à une extrémité, permettant de la maintenir très fortement à un support (trépied, branche,…) et de l’autre d’une pince fine qui permet de maintenir des tiges ou un réflecteur balloté par le vent.
Et de nombreux autres accessoires … :
Il existe une multitude de petits accessoires fort utiles à la pratique de la macrophotographie. N’en ayant testé que quelques-uns je ne pourrai pas fournir une liste exhaustive, mais en fouillant sur le net vous devriez rapidement trouver votre bonheur face un problème.
Quelques accessoires : réflecteurs, diffuseur, multiplicateur de focale, déclencheur sans fil, … et ANTI-MOUSTIQUE !
Merci pour cet article très complet sur lequel je je suis arrivée via votre spectaculaire photo intitulée Soda. Un bokeh digne du fameux trioplan ! Magnifique ! Très intriguée par cette histoire de bague qui permet de l’obtenir ! Première fois que je lis celà. Est-elle spécifique au 100 RF ? Perso j’ai le 85 RF f/2, qui est aussi muni d’une bague programmable dont je n’ai pas encore vraiment étudié les possibilités. Savez-vous si elle est comparable à celle du 100 RF ? Ça m’intéresserait diablement de le savoir, j’adore ce genre d’effet que je trouve très ludique ! En tout cas bravo à vous et merci pour cet article !
Merci beaucoup Monique.
A ma connaissance, cette bague est spécifique au 100mm RF et est différente de la bague programmable disponible sur tous les objectifs Canon en monture RF. Le 100mm RF dispose à la fois de la bague programmable et de cette bague jouant sur les floues. Je vous invite à faire un tour sur le site de Canon ou sur les différents tests de cet objectif disponibles sur le net.
Merci! fort utile!!!
Merci à vous Hélène 😉
Genial ton article 😊
Merci Stephane 😀