Réaliser un gros plan

Réaliser un gros plan

               Qui dit macrophotographie, dit images en gros plan du petit monde qui nous entoure… C’est souvent ce que l’on cherche à faire lorsque l’on débute en la matière… Une telle approche permet de mettre en évidence les détails du microcosme qui échappent régulièrement à notre vue et de dévoiler l’apparence science-fictive de nos étranges voisins, les arthropodes.

               La réalisation du gros plan est relativement simple pour peu que l’on fasse attention à quelques spécificités techniques. C’est ce que nous allons voir dans cet article, en commençant par le matériel adéquat à ce type de prise de vues.

Matériel nécessaire :

L’appareil photo :

               Lorsque l’on veut réaliser un gros plan en macrophotographie, nous recherchons à réaliser une image avec un facteur de grossissement important.  Celui-ci dépend principalement de la distance minimale de mise au point qui, elle-même, ne dépend pas de votre appareil photo mais de l’optique avec laquelle il est équipé. Le boîtier en lui-même n’a donc que peu d’importance mais il doit pouvoir être muni d’un objectif permettant de se rapprocher suffisamment du sujet. C’est pour cette raison que les réflexes et les systèmes hybrides à objectifs interchangeables sont les plus indiqués pour ce genre d’images. Les objectifs qui équipent les compacts et bridges sont en général des zooms ne permettant de réaliser, au mieux, que de la proxy-photographie et non de la macrophotographie telle que nous la décrivons dans cet article.

L’objectif :

               Vous l’aurez compris : c’est le point-clef de votre matériel pour ce type d’image. Votre objectif conditionne le type de prise de vue que vous pourrez réaliser. Pour la macrophotographie “pure”, comme ici, le matériel optimal est une optique vous permettant de réaliser un grossissement de x1. Je m’explique : la mention x1 signifie que l’image formée sur le capteur sera de taille identique à celle du sujet que vous prenez en phot. Si vous prenez une image de fourmi en réglant l’objectif de manière à ce que le grossissement soit de x1, l’image de la fourmi formée sur le capteur sera égale à sa taille réelle.

       Un rapport de grossissement de X1, le minimum syndical :

               La plupart des objectifs dédiés à la macro, du type 90, 100, 105, 150 ou 180 mm macro, permettent d’obtenir ce rapport de grossissement. Pour ma part j’utilisais il y a encore quelques semaines le Canon EF 100 mm macro f/2,8 L IS USM  et aujourd’hui j’utilise la version RF adaptée aux nouveau hybrides pleins formats. La version RF permet d’aller jusqu’à un rapport de X1,4 . Ceux-ci disposent d’un système de stabilisation, également bien utile en macrophotographie, permettant de compenser mes tremblements amplifiés par les forts grossissements.

La Canon EF 100mm macro f/2.8 L IS USM. Un objectif macro permettant un rapport de grossissement de X1 et qui est stabilisé.
La Canon EF 100mm macro f/2.8 L IS USM. Un objectif macro permettant un rapport de grossissement de X1 et qui est stabilisé.

               Il existe d’autres possibilités de se « créer » un objectif macro à moindre coût, à l’aide de différentes techniques et accessoires. A partir d’un objectif classique (= non dédié à la macro) vous pouvez augmenter le tirage (la distance entre l’objectif et le capteur) en ajoutant des bagues allonges ou un soufflet entre l’objectif et le boîtier. Ce type d’accessoires permet alors de réduire la distance minimale de mise au point. L’inconvénient est que plus le tirage est grand, plus vous perdez en luminosité.

Les bagues allonges se placent entre le boîtier et l’objectif et permettent de réduire la distance minimale de mise au point. Plus l’épaisseur est grande, plus la distance minimale de mise au point sera réduite. Ici 3 bagues allonges de différentes épaisseurs sont utilisées.

               Vous pouvez également ajouter une « loupe » sur l’avant de votre objectif classique, c’est ce qu’on appelle une bonnette macro. Celle-ci permet alors de générer un grossissement intéressant pour la pratique de la macrophotographie. Il en existe de différentes puissances et qualités. N’en n’utilisant pas je ne m’éterniserai pas sur le sujet. Sachez juste que cela existe. La marque Raynox est une marque réputée pour donner de bons résultats.

               Une autre possibilité est de fixer un objectif à l’envers sur le devant de votre objectif. Celui-ci agira alors également comme une loupe : une vieille optique d’occasion associée à une bague d’inversion comportant les pas de vis adéquats pour la fixer, vous donneront un objectif macro économique. Cependant, comme pour les bonnettes macro, vous ajoutez des éléments optiques sur le trajet de la lumière, par conséquent vous rajouterez de potentiels défauts optiques à l’image.

               Dans tous les cas, vous l’aurez compris, ce facteur de grossissement de « x1 » est un minimum pour réaliser des gros plans. La plupart des insectes et arachnides étant relativement petits, vous vous rendrez vite compte que le « x1 » est souvent trop juste pour réaliser des gros plans de la plupart du petit monde qui nous entoure.

       Passer au-delà du rapport x1 :

               Une solution simple est d’utiliser les accessoires décrits ci-dessus sur un objectif permettant déjà le rapport x1. Il m’est ainsi déjà arrivé d’utiliser un jeu de bagues allonges sur mon 100 mm macro. De cette manière, j’ai pu atteindre un rapport de grossissement de l’ordre de X2. 

J’ai pris en photo ce collembole (Dicyrtomina ornata) en couplant mon 100mm avec 68mm de bagues allonges. Le rapport de grossissement est alors passé de x1 à environ x2.

               L’autre option est d’investir dans un objectif dédié au fort/très fort grossissement. Il y a quelques années, il n’existait qu’un seul objectif : le fameux Canon MP-E 65mm 1-5X f/2.8. C’est un objectif très particulier car il ne permet que de faire de la macro « pure ». Vous ne pourrez en effet rien faire d’autre avec cette optique, pas même de la proxy-photographie. Son grossissement minimal est de x1, ce qui est le maximum de la plupart des optiques « macros » classiques. Son maximum est un grossissement de x5. Si vous avez bien suivi mon explication précédente, l’image formée sur le capteur sera 5 fois plus grande que la taille réelle de la bestiole que vous visez. De quoi capturer les détails de bon nombre d’insectes et arachnides de nos régions. Cette optique est également particulière à prendre en main. Il n’y a pas de bague de mise au point, juste une bague permettant de régler le grossissement souhaité. C’est ensuite à vous de faire la mise au point en avançant ou en reculant l’appareil. C’est un objectif qui se dompte au fur et à mesure des essais.

Le fameux
Canon MP-E 65mm f/2.8 1-5x Macro permettant de réaliser des grossissements jusqu’à x5.
Détails des valeurs de grossissement indiquées sur le Canon MP-E 65mm f/2.8 1-5x Macro. Pas de bague de mise au point, celle-ci est à faire soi-même en avançant/reculant l’appareil.

               Depuis quelques années maintenant il existe d’autres objectifs dédiés aux forts grossissements. Notamment chez le constructeur Laowa. Ces optiques génériques sont utilisables par les possesseurs de boitiers Nikon ou autres que Canon (ce qui n’était naturellement pas le cas du Canon MP-E 65). Pour ces optiques, je vous invite à faire un tour sur le site du photographe Nicky Bay, qui est un ambassadeur de la marque.

                A fort grossissement vous vous rendrez vite compte que tout est assombri. Effectivement, les forts grossissements sont gourmands en lumière. Il est donc impératif de compenser ce manque de lumière. Ici je ne développerai que les flashs classiques. Il existe d’autres sources de lumière  possibles, comme les torches à leds. Mais, n’en utilisant pas, je ne détaillerai pas cette option. Sachez juste qu’il m’arrive d’utiliser une petite torche à Leds afin de m’aider à faire la mise au point manuelle.

Les flashs :

               Il existe plusieurs types de flashs dont l’utilisation est plus ou moins indiquée en macrophotographie. Il y a les flashs cobras classiques et des flashs conçus spécifiquement pour la macrophotographie.

       Flashs cobras

               Les flashs cobras sont très utilisés en photographie, cependant ils ne sont pas très adaptés aux gros plans du fait de leur morphologie. Habituellement, ils se placent sur la griffe localisée au-dessus de l’appareil photo. Cette position les rend peu utiles en macrophotographie, car à une courte distance de mise au point vous risquez simplement de projeter l’ombre de l’objectif sur votre sujet. Vous pouvez utiliser un système de déclenchement du flash à distance afin de décaler votre optique sur le côté ou sur le dessus. Mais en vous déplaçant vous devrez également penser à déplacer votre flash. Vous pouvez utiliser des systèmes de rails pour maintenir solidement le flash au reste de l’équipement. Mais vous augmenterez considérablement le poids du matériel. D’autant que si vous souhaitez pouvoir modeler la lumière, il vous en faudra deux. Ce type de flash ne me semble donc pas pratique pour la macro à fort grossissement. Personnellement je l’utilise pour éclairer l’arrière-plan de mes gros plans.

Boîtier + MP-E 65mm + 2 flashs cobras déportés et fixés à l’aide d’un rail Manfrotto. Le poids total est de 3,12 Kg …. séance de muscu en prévision…

         Flashs macros

                Les flashs dédiés à la macro sont des petits flashs légers qui se fixent sur l’avant de l’objectif. Ils permettent ainsi d’avoir une source de lumière proche du sujet dont la taille relative permettra de former une source importante de luminosité. Ils sont en général de deux types : annulaire ou formé de plusieurs petites têtes. Ils sont pilotés par une cellule de contrôle, elle-même fixée à la griffe porte-flash du boîtier. La communication entre le boîtier et les têtes de flashs peut être réalisée en filaire ou via ondes infrarouges/radios. La communication sans fil permettant plus de liberté, vous pouvez déporter le flash plus facilement qu’avec un système filaire. Habituellement les flashs annulaires sont composés de deux tubes indépendants permettant de moduler la lumière sur votre sujet. Ce qui est le cas aussi pour les systèmes à têtes indépendantes. Ces flashs macros permettent donc de moduler la lumière au plus près du sujet. L’avantage des systèmes à têtes par rapport aux systèmes annulaires, est qu‘ils vous faciliteront l’approche du sujet sans être gêné par votre environnement (exemple : le sol, le substrat…), l’épaisseur des tubes sur la partie inférieure pouvant bloquer lors de votre tentative d’approche. De plus, vous pouvez déplacer les têtes comme bon vous semble sur la bague à l’avant de l’objectif. Ces flashs peuvent également vous permettre de piloter un flash cobra déporté. C’est la plupart du temps de cette manière que je réalise mes gros plans : le flash macro éclaire le sujet et me permet de déclencher le flash cobra qui lui va éclairer l’arrière-plan.

                Pour ma part j’utilise le Canon Macro Twin Lite MT-24EX. Une nouvelle version  de ce flash est sortie depuis : le Canon Macro Twin Lite MT-26EX-RT. Les modèles de Canon sont filaires. A l’inverse, l’équivalent chez Nikon fonctionne lui sans fil en étant déclenché par le flash de votre appareil photo (Remote Kit R1) ou contrôlé par un boitier se connectant à la griffe du flash (Kit R1C1). Vous n’êtes donc pas obligés de les garder fixés sur l’avant de l’objectif. La marque Godox vient également de commercialiser un modèle sans fil : Le Godox Macro Flash MF12. L’avantage de ce modèle est que vous composez votre kit comme bon vous semble. Vous pouvez par exemple utiliser 4 têtes : 2 sur l’avant de l’objectif et 2 autres déportées autour de la bestiole.

Boîtier + MP-E 65 +
Canon Macro Twin Lite MT-24EX. Le poids total s’élève à 2,2 Kg. Un gain de poids non négligeable et, surtout, un encombrement réduit.

                En macrophotographie il existe aussi un accessoire que tout le monde indique comme indispensable : le trépied.

Le trépied :

                S’il y a bien un accessoire à la réalisation de gros plans pour lequel je ne comprends pas l’attrait, c’est bien le trépied. Je le trouve hyper contraignant. Le temps que vous vous installiez, la bestiole se sera déplacée. Vous souhaitez vous déplacer d’un millimètre ? Il faut soulever le trépied, positionner les pieds comme il faut pour être bien stable…  Et quand vous avez à nouveau le nez dans le viseur, votre sujet est déjà parti en courant ou en volant (probablement après vous avoir vu vous énerver avec cet accessoire contraignant).
                Il existe quelque chose de beaucoup plus pratique pour limiter les vibrations : votre corps. En vous calant sur vos avant-bras au ras du sol, vous aurez la liberté nécessaire aux prises de vue tout en étant suffisamment stable. Si le sujet est en hauteur, utilisez vos genoux pour y poser vos avant-bras. Vous pouvez également vous adosser contre un rocher, une branche, tout ce qui peut se trouver autour de vous et vous aider à vous stabiliser.

Pas besoin de trépied, il « suffit » d’utiliser ses avant-bras et ses mains pour se stabiliser.

                La respiration joue également beaucoup sur la stabilisation. Au moment d’appuyer sur le déclencheur, pensez à couper votre respiration quelques instants. Il est courant de pratiquer l’apnée en photo nature, et particulièrement en macro. Pas besoin de piscine ici.

                Pour pouvoir vous passer de votre trépied, en plus de jouer sur votre propre stabilité, il suffit simplement de régler les paramètres de prises de vues pour qu’ils soient compatibles avec cette liberté de mouvement.

Les réglages :

                Comme pour toute prise de vues, l’image formée sera conditionnée par les 3 principaux paramètres que sont l’ouverture, la vitesse d’obturation et la sensibilité du capteur. Si vous souhaitez revenir aux b.a.-ba des explications de ces paramètres, et comment ils interagissent entre eux, je vous invite à relire mon article précédant « les réglages de base en macrophotographie ». Lorsque je réalise des images à fort grossissement, j’utilise la plupart du temps le mode de prise de vues « Manuel ». Les gros plans étant une dimension perturbante pour le boîtier, les modes  automatiques ne donnent jamais l’image que je souhaite obtenir.

L’ouverture :

               C’est le paramètre qui vous permettra d’avoir une profondeur plus ou moins grande. Il est à noter que plus la distance de mise au point est courte, plus, pour une valeur d’ouverture donnée, la profondeur de champ l’est également. A fort grossissement, la distance de mise au point étant très courte (moins d’un centimètre pour le MP-E 65mm réglé sur X5), la profondeur de champ est considérablement réduite. Il est donc nécessaire de fermer le diaphragme afin d’augmenter la profondeur de champ et faire en sorte que votre sujet soit suffisamment net.  En règle générale je règle l’ouverture en f/9 et f/11 selon le sujet et son relief. N’oubliez pas cependant, que plus vous fermerez le diaphragme, moins la lumière arrivera jusqu’au capteur.

A f/2.8 la profondeur de champ est très réduite et permet à peine d’englober l’œil du martin-pêcheur.
A f/11 la profondeur de champ est nettement plus importante. Mais ne permet pas d’englober le bec de l’oiseau. A x5 la profondeur de champ reste fine.

La vitesse d’obturation :

                En photo une loi revient régulièrement permettant d’éviter ce qu’on appelle le flou de bouger, c’est-à-dire le flou dû à vos tremblements. Cette loi dit que pour espérer une photo nette, il faut régler la vitesse d’obturation de façon à ce qu’elle soit égale à au moins : 1/la focale de l’optique utilisée. Par exemple, si vous utilisez un 100 mm, il ne faut pas passer en dessous du 1/100 de secondes, pour espérer avoir une image nette à main levée. Ceci ne fonctionne pas pour les gros plans : les mouvements sont tellement amplifiés par les tremblements, que j’essaye de ne pas passer en dessous de 1/320 secondes pour des grossissements de x2 à x5. Et si je peux, j’essaye d’aller au-delà. Cependant, plus vous sélectionnez une vitesse d’obturation rapide pour compenser votre flou de bouger, moins la lumière aura le temps d’arriver jusqu’au capteur.

La sensibilité du capteur :

                C’est le paramètre qui vous permettra d’avoir plus ou moins d’amplitude sur les deux autres. Plus la sensibilité du capteur sera grande, plus vous pourrez aller sur des faibles ouvertures ou des vitesses d’obturation grandes. Cependant, plus vous monterez en sensibilité, plus vous aurez de risque de faire apparaître un bruit électronique disgracieux sur l’image. Pour cela j’évite de monter au-dessus de 1600 iso sur les boitiers récents. Avec mes anciens boitiers j’évitais même de monter au-dessus de 400 iso. 

                Vous l’aurez compris, comme pour les prises de vues plus classiques, la prise de vues à fort grossissement est une histoire de compromis entre ces 3 principaux paramètres. Mais, comme expliqué précédemment il y a un accessoire qui vous permettra de sortir l’épingle du jeu : le flash. Il faut simplement réussir à le doser.

Puissance des flashs :

                Le réglage de la puissance des flashs vous permettra de compenser les besoins en lumière imposés par l’ouverture, la vitesse et la sensibilité choisie. Ce besoin dépendra également du rapport de grossissement voulu. De la même manière que précédemment, les automatismes me donnent rarement satisfaction. J’ai donc plutôt tendance à ajuster au fur et à mesure des prises de vues la puissance des flashs, par tâtonnement, en fonction des 3 paramètres précédents.

                Maintenant que vous savez quel matériel utiliser et comment le régler, nous allons voir comment se positionner par rapport à votre sujet.

Se positionner par rapport au sujet :      

                Un des gros avantages de la macrophotographie, c’est qu’il ne faut pas nécessairement aller bien loin pour trouver un sujet. Cela m’arrive très régulièrement de rencontrer des insectes sur mon balcon ou même dans mon appartement.

En intérieur

                Comme pour beaucoup de pratique, jouer à domicile est quelque chose qui facilite le travail. Vous pouvez placer à votre guise des supports et/ou des arrière-plans, vous permettant de tirer le portrait des bestioles qui se sont incrustées chez vous. Si vous êtes fanatique d’insectes, vous avez certainement aussi des élevages de bestioles en tous genres (attention cependant aux évasions, c’est comme cela qu’une espèce peut devenir invasive…).

                Aménagez-vous alors un mini-studio vous permettant de tirer le portrait de vos sujets sans avoir à vous tordre le cou dans tous les sens. Pour ma part, lorsque je fais des gros plans en intérieur, je me place sur une large table qui me permet une grande liberté de mouvement. Je place alors au centre de celle-ci le support sur lequel je souhaite tirer le portrait de mon invité du jour. Je surélève le support de quelques centimètres de hauteur. Ceci me permettra de me placer au même niveau que le sujet et limitera les risques de fuite rapide de l’individu. En effet, la plupart des insectes et arachnides prennent quelques secondes pour analyser l’environnement qui les entoure avant de se jeter dans le « vide ». Servez-vous de ce laps de temps où l’insecte sera immobile pour déclencher. En vous plaçant de cette manière vous aurez également la possibilité de tourner facilement autour de ce dispositif pour vous mettre face au sujet. Les gros plans de face jouant sur la symétrie des arthropodes sont toujours percutants pour le grand public.

La photo de gros plan en intérieur permet de mettre en place facilement un mini-studio.

                Replacez ensuite votre invité du jour là où vous l’avez trouvé. Si vous pensez qu’il ne trouvera pas son bonheur dans votre intérieur, remettez-le à l’extérieur. Veillez à ne pas réaliser des sessions de prises de vues trop longues pour ne pas épuiser vos sujets et risquer de compromettre leur survie.

                Maintenant que vous connaissez les conditions optimales pour réussir ce type de prises de vues, il ne reste plus qu’à les réunir sur le terrain pour tenter la même chose en extérieur.

En extérieur 

                En milieu naturel, ou en tout cas plus naturel que votre logement, un paramètre supplémentaire jouera grandement : le vent. Surtout si vous souhaitez tirer le portrait d’individus posés sur des tiges. Les jours de vent il faudra juste oublier, sinon vous vous arracherez les cheveux (je sais de quoi je parle…).

                N’essayez pas de manipuler les créatures que vous croisez. Vous ne feriez que les stresser. Si vous vous approchez doucement sans toucher votre sujet, vous aurez plus de chance de ne pas le faire fuir. Il suffit de ne pas faire de mouvement brusque. Porter des vêtements avec des couleurs qui ne dénotent pas avec l’environnement vous aidera grandement avec certaines espèces.
En privilégiant les premières heures après le lever du jour vous aurez peut-être la chance de tomber sur des individus encore engourdis par le froid de la nuit. C’est également le meilleur moyen de trouver des individus couverts de rosée.

                Une fois l’approche réalisée, il ne vous restera plus qu’à trouver la position vous offrant le plus de stabilité. Ne vous inquiétez pas si vous n’arrivez pas à sortir une photo nette du premier coup. Le taux de déchets de ce genre d’images est très important même en intérieur. Cela m’arrive fréquemment de n’avoir qu’une image de vraiment nette sur une série de cent. N’oubliez pas que vous mettre au même niveau que votre sujet ou en contre-plongée, vous permettra de lui donner plus d’importance et vous obtiendrez ainsi une image avec plus d’impact. Selon les situations, vous aurez soit à vous allonger complètement sur le sol, soit à jouer avec vos genoux et vos coudes pour vous stabiliser. N’ayez pas peur du ridicule si des promeneurs croisent votre route. La plupart du temps, ils vous demanderont certainement ce que vous prenez en photo. Ce sera la première occasion pour vous de montrer vos images et sensibiliser ces gens au petit monde.

J'ai réalisé ce gros plan de diablotin en extérieur un jours sans vent. J'avais placé un réflecteur (éclairé par un flash) en arrière plan pour avoir un fond bien blanc. Bien que la bestiole était calme, il m'a fallu faire entre 150 et 200 images pour en avoir une nette.
J’ai réalisé ce gros plan de diablotin en extérieur un jour sans vent. J’avais placé un réflecteur (éclairé par un flash) en arrière-plan pour avoir un fond bien blanc. Bien que la bestiole soit calme, il m’a fallu faire entre 150 et 200 images pour en avoir une nette.

                Maintenant que vous savez tirer le portrait de vos sujets, il ne vous reste plus qu’à penser à vous concentrer sur l’arrière-plan afin de les magnifier.

L’arrière-plan :

               Vous avez différentes possibilités permettant de faire ressortir votre portrait d’arthropode. Selon les espèces il sera intéressant de former un arrièreplan uni noir, blanc, coloré, ou même quelque chose de plus original. C’est à vous de décider.

Un fond noir :

               C’est ce qu’il y a de plus simple à réaliser. En vous plaçant à un rapport de grossissement gourmand en lumière, vous vous rendrez compte que tout devient très vite sombre. En utilisant un flash comme source de lumière, éclairant uniquement votre sujet, et en jouant sur les paramètres, comme expliqué précédemment, vous obtiendrez rapidement un arrière-plan noir. La différence de luminosité entre votre sujet et l’arrière sera suffisante pour que le fond soit plongé dans le noir. Si ce n’est pas le cas, rien ne vous empêche de glisser en arrière-plan un vêtement foncé ou tout autre objet mat et sombre. Le tout est de réussir à le faire sans mouvement brusque risquant d’effrayer votre sujet.

Gros plan d’Anacridium aegyptium, le criquet égyptien. C’est le plus gros criquet visible en France. Pour celle-ci, réalisée en intérieur, j’ai utilisé un tissu noir. Le criquet est posé sur ce tissu qui part également dans l’arrière-plan.

Un fond blanc :

               Pour le fond blanc, il vous faudra placer un objet blanc en arrière-plan. Rien de mieux qu’un réflecteur ou un diffuseur circulaire. Un t-shirt blanc peut également faire l’affaire. Mais attention au relief qu’il peut former, assurez-vous qu’il est bien tendu. Il faudra utiliser une deuxième source de lumière pour éclairer suffisamment cet arrière-plan afin de s’assurer que ce fond soit bien blanc et non grisonnant. Le meilleur combo étant le flash macro pour éclairer votre sujet couplé à un flash cobra déporté, pour éclairer uniquement l’arrière-plan. Commencez par ajuster la puissance du flash éclairant le fond, et ajustez ensuite la puissance de la source éclairant le sujet. 

Pour ce mâle d’araignée sauteuse exotique (Phidippus regius), j’ai simplement utilisé des feuilles de papier blanc.

Un fond coloré :

                Une astuce, donné par le photographe Gilles Martin, consiste à utiliser un tirage d’une photo floue en arrière-plan. Il vous suffit de vous balader dehors et de faire des images floues de lumière filtrée par la végétation. Ensuite vous faites faire un tirage de cette image floue sur un papier mat. Un format A3 est un minimum pour vous permettre une amplitude de mouvements autour de votre sujet. Collez ce tirage sur un carton rigide pour faciliter son utilisation et son placement. Comme pour la formation d’un fond blanc, il vous suffira simplement d’éclairer ce tirage avec un flash déporté.

Gros plan sur la tête d’une mante fantôme femelle (Phyllocrania paradoxa). Ici un fond flou associé au fort grossissement a permis de former un fond uni jaune.

Un arrière-plan créatif :

                Maintenant que vous avez compris le principe, rien ne vous empêche (à part la potentielle fuite de votre sujet) de mettre tout ce que vous souhaitez en arrière-plan. Il n’y a de limite que votre imagination. Des objets brillants vous permettront de former facilement des halos à l’aide d’un flash (papier aluminium, guirlandes, …). Pour des fonds loufoques, pourquoi pas utiliser les pages d’un livre bien colorées, des couvertures de magazine … Bref, il n’y a plus qu’à tester.

Avec cette Phidippus regius femelle, j’ai simplement placé une guirlande de Noël en arrière-plan. La petite ouverture de f/16 permet de donner aux flares cette forme géométrique.

                Dans cet article je me suis focalisé sur ma propre pratique de la photo de gros plan. N’hésitez pas à regarder ce que font d’autres macrophotographes. Chacun a ses propres méthodes et il y a toujours possibilité de creuser le sujet un peu plus loin.

Pour aller plus loin :  

               Ici je me suis focalisé sur les grossissements de X1 à X5 imposés par mon matériel. Il y a tout un monde qui existe, bien au-delà du grossissement X5 qui nécessite un matériel particulier, notamment l’adaptation d’objectifs de microscope sur votre boîtier. Un excellent livre explique de long en large les aspects techniques de ces très forts grossissements. Je vous recommande de lire : La macrophotographie – Au-delà du rapport 1:1.

               Il existe une autre méthode bien utile, en gros plans, que je n’ai pas abordé ici : le focus stacking. C’est une technique qui consiste à réaliser un grand nombre de prises de vues d’un même sujet depuis le même point de vue, mais en décalant la mise au point entre les déclenchements. Ensuite l’assemblage des différentes images à l’aide d’un logiciel dédié ou sur photoshop vous permet d’obtenir une image finale avec une profondeur de champ étendue et bien détaillée. Il faut « juste » que la bestiole ne bouge pas entre les différentes prises de vue…  Youtube et autres plateformes vidéo regorgent également de tutos sur cette technique. C’est également un sujet bien détaillé dans le livre :  La macrophotographie – Au-delà du rapport 1:1.

               Pour ma part, le temps passé derrière l’ordinateur après la prise de vue ne m’emballe pas trop, mais ce genre d’images est toujours bluffant.

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2 Comments

  1. Tu fais du bon travail de diffusion de tes connaissances pour les autres. Cela fait plaisir de te lire. Tu es bien concret dans tes explications. Je recommande aux lecteurs ton article sur l’exposition multiple.
    Merci
    Marc

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